Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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dans le monde chimérique de la fuperftition ; que fes yeux ñe foient plus éblouis par le fafte orgueilleux du facerdoce , ni par la pompe de fes farces abfurdes ; que fes oreilles ne foient plus étourdies par le bruit impofant de la fonnerie; qu’il redevienne enfin l’homme de la nature, alors les vertus du peuple deviendront auffi communes qu’elles font rares, & nous ceflerons de

nous en étonner.

D’après ces principes de Ia raïifon, vous devez, fire, renoncer à toute relation avec la cour de Rome, vous devez établir , dans vos Etats , la liberté de confcience. Un gouvernement fage doit admettre la liberté de tous les cultes , fans en préférer aucun , parce que cette préférence rendroit le culte qui l’obtiendroit , dominant, orgueilleux, intolérant & très-nuifible. Que Îles vœux religieux des deux fexes foient abolis , parce qu’ils font contraires aux loix de la nature , aux intérêts de la fociété , & qu’ils font une fource de vices &c de crimes.

Que toutes les con'rairies , congrégations , communautés & corporations religieufes des deux fexes , foient fupprimées.

Que chacun foit libre de choïfir & de payer un direéteur de confcience, comme un procureur pour fes affaires, & que le gouvernement ne fe mêle pas plus de l’un que de l’autre.

Ne permettez l’exercice des différens cultes , que dans l’intérieur des temples & des maïfons.

Ne fouffrez aucun autel, image, croix, ftatue , aucun figne de religion , dans les places publiques , les carrefours, les rues , fur les. quais ; les chemins , ni fur