Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

r06 RÉVOLUTION Français d'arriver & de porter chez vous leur nouvelle $ puiflante artillerie, qui confifte dans leur bref & très-éloquent manifefle : guerre aux tyrans & liberté aux peuples , dans leur déclaration des droits naturels de Phomme & du citoyen,-& dans leur décret du 2 août dernier, qui affure aux déferteurs des troupes ennemies la qualité de citoyen Français , une gratification de jo |, en argent, & une penfon viagère de cent livres en tontiné & fufceprible d'augmentation jufqu’à soolivres. Avec ce décret, ils ont fait déferter une grande partie des troupes Prufliennes & Autrichiennes , & cette défertion continue. Lés peuples qui connoiffent leur manifefte & Feur déclaration des droits, les appellent à leur fecours, vont au-devant d'eux, leur préfentent les clefs de leurs villes , les récoivent comme des libérateurs ; & il n'ya que les roïs, les nobles & les prêtres pour lefquels cette marche triomphale des Francais ne foit pas le plus augufte fpeëlacle. Bientôt, fire, vous verrez ce fpedacle chez vous, fi vous fuivez votre projet de fecourir le dernier roi des Français, qui a voulu fe perdre, & fa méchante femme qui a voulu donner fa France à fa famille, comme la vôtre travaille à lui donner vos Etats. Je vous le répète, fire, l'Empereur n’invoque le fecours des rois & des princes de l’Europe, qu'avec les perfides intentions de les affoiblir pour les dépouiller enfuite. Oui, fire, la maïfon d'Autriche s'occupe conftamment, depuis nombre d'années, du vafte projet de partager PEurope avec la Czarine, & vous ne VOyEZz pas vous autres rois, que les Autrichiennes, vos époufes, vos minifires & vos ambaffadeurs font les inffrumens dont fe fert le miniftère de cette cour vorace pour vous attier dans fes filets, Inftruits maintenant de laftucieufe,