Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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(6 décret anti-social qui donne les droits de citoyen actif à la classe la plus nombreuse , la plus ignorante, la plus pauvre, la plus corruptible , la plus grossière, la plus intraitable , et que ce décret met exclusivement à la disposition de cette populace!, les élections et presque toutes les fonctions du gouvernement , d’oùrésultent nécessairementles plus grands désordres et l'anarchie.

» Nous voyons que cette populace énorgueillie de son ignorance et de sa nudité , est payée pour remplir vos clubs, vos sections, vos assemblées municipales , vos tribunes, pour en chasser tous les gens honnêtes, instruits «t utiles, etpour insulter impunément vos représentans par des approbations et des improbations stupides et brutales.

» Nous voyons vos municipalités , vos districts ; vos administrations, votre conseil exécutif et la convention elle-même déchirées par des factions , qui y entretiennent des dissentions continuelles très-indécentes et très-orageuses.

» Nous voyons vos maires, vos juges de paix , vos tribunaux , vos ministres et.vos sénateurs sans force pour faire le bien, pour réprimer les délits; nous voyons que tout est permis chez vous, excepté l'exercice de la vertu, et qu’il n’y a d'union et. d’énergie que parmi les ennemis de la chose publique. » Nous voyons vos finances , vos biens nationaux, toutes ves ressources dilapidées; vos assignats perdre moitié de leur valeur ; tous vos objets de consommation doublés de prix; la circulation des grains entravée dans vos provinces où l’on appelle la famine en faisant violence aux laboureurs, et qu’il n’y a sûreté chez vous, ni pour les propriétés, ni pour la vie, ni pour la réputation,

» Nous voyons fuir de vos cités, les citoyens les plus aisés et tous les étrangers; nous voyons que presque toutes vos familles riches sont ruinées sans qu'il en soit résulté de soulagement pour les pauvres, et que des milliers de journaliers sont sans salaires.

» Nous voyons vos troupes excédées de fatigues inutiles et des besoins les plus urgens se désorganiser, abandonner leurs drapeaux et retourner dans leurs foyers.