Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANÇAISE: 89 fe pafer d'évêques , de bénéficiers, de moines, de chanoines, de religieufes , & de toutes autres infeses de ce genre, qui ne font que les créations de l’impofture la plus ambitieufe & la plus avide, depuis trop long-tems refpectées par lignorance , erreur , la fuperftition , la crainte & la crédulité ; je reconnois bien dans cet abfurde concordat la main de Marie-Uaroline, qui joue ridiculement lefprit fort, quoique remplie de fuperftition, & qui fait allier la dévotion des feinmelettes avec les crimes des fcélérats.

Quant aux habitans de vos provinces, ils ne vous aiment, fire, ni ne vous eftiment; ceux de l’Abruze & de la Capitanate vous déteftent , & principalement ceux des deux Calabres & de la Sicile; ïls vous reprochent avec juftice de n'avoir jamais vifité leurs provinces ruin<es par des tremblemens de terre , & où vous auriez dû employer au foulagement de feur mifere les fommes immenfes que vous avez proftituées en voyages inutiles chez l'étranger. Je fais que vous avez deftiné, fire, quelques fommes au foulagement de ces maïheureux, mais au lieu de les leur envoyer par Pignatelli, qui en a détourné à fon profit la plus grande partie, & qui a ainfi dévoré la fubftance du pauvre impunément, parce qu’il eft protégé par là reine, vous auriez dû, fire, leur porter & leur difribuer équitabiement ces fecours vous-même ; en rempliffant ce devoir, fi digne d'un bon roi, vous auriez acquis l'eftime des hommes fenfibles & la toute-puiflance que dorine la reconnoiffance & l’amour des peuples.

Que n'’auriez-vous point à craindre, fire, du mécontentement de vos malheureux fujets, fi, pour fe venger de vos infultes, les Francais alloient leur propofer de

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