Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Le Capitaine LETOURNEUR

Un matin, sortant de chez Monsieur, je me rendais chez le Roi. À peine entré dans le salon bleu, j'entends marcher à grands pas derrière moi : c'était le due de Berry; je me range, et il passe; mais, à quelques pas en avant de moi, cheminait à demi voûté le vieux marquis Letourneur, capitaine des gardes de Monsieur et qui, un peu sourd ou distrait, n'ayant pas distingué le pas de charge de Monseigneur, reçut de lui un grand coup de pied à la partie saillante du corps qui se trouvait faire face au prince.

Surpris et furieux, comme on peut le croire, et en portant la main non à la garde de son épée, mais à la partie frappée, le marquis se retourna, la figure furibonde, et se vit en présence de Son Altesse Royale qui riait aux éclats avec une noblesse digne de son action. A l’instant le courtisan changea de physionomie, et, joignant les mains en action de grâces, s’inclinant jusqu'à terre, il S'écria avec une expression de sourire heureux :

« On n'est pas plus aimable que Monseigneur. »

(Général THiÉBAULT, Mémoires, t. V, p. 233.)

Le Colonel MARENSIN

Beja fut châtiée par le colonel Marensin avecune barbarie que Junot n’osa blâmer pour ne pas encourager la révolte, mais dont il fut outré, je le sais. On massacra, on pilla, on brüla, on commit des horreurs.

(Duchesse d'ABRANTÈS, Mémoires, t. XII, p. 76.)

Le Commissaire de la marine MARGUERITIES Saint-Cloud, 16 brumaire, an XIII.

Note pour le Ministre de la Marine M. Marguerites sera arrêté demain; il sera fait, par un magistrat de sûreté, une enquête sur les moyens par lesquels il alimentait son luxe extraordinaire.