Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

134 CONFÉRENCE DE PARIS ET CONGRÈS D'AIX-LA-CHAPELLE:

Le jour même où lord Bathurst écrivait cette lettre à lord Castlereagh, lord Liverpool lui envoyait des observations conçues dans le même esprit. [Il ne fallait, lui disait-il, rien ajouter aux engagemens antérieurement pris par l'Angleterre, et qui, s’ils n’étaient pas déjà contractés, ne seraient probablement pas acceptés aujourd'hui par certaines personnes; il fallait même autant que possible éviter de mettre trop en relief les points douteux de ces engagemens : à cet égard, les idées de l’empereur de Russie étaient complétement erronées et inadmissibles; le projet autrichien au contraire atteignait à peu près le but qu’on devait se proposer.

«En un mot, ajoutait lord Liverpool, tout ce qu’il est nécessaire de dire, c’est simplement que nous adhérons aux traités existans et aux stipulations qui en découlent, et que, toutes les fois que les souverains ou leurs ministres auront occasion de délibérer collectivement sur quelqu’une des questions se raftachant à la dernière paix, le gouvernement français sera invité à participer aux délibérations. Si, pour mieux assurer le maintien de l’ordre en France, on a jugé à propos de fixer un terme auquel les souverains se réuniront de nouveau, je n’y ai pas d’objections, et bien que cette fixation puisse prêter à quelque interprétation fâcheuse, les bons effets en balanceraient peut-être les inconvéniens, mais il est parfois aussi peu sage de vouloir porter sa vue trop loin dans l’avenir que de la restreindre dans un horizon trop limité. — Vous devez aussi être très circonspect en matière de stipulations secrètes à insérer aux protocoles. Il peut être convenable de soustraire à la connaissance du publie les détails d'exécution d’engagemens connus, mais on nous demandera sans doute dans le parlement si nous avons pris d’autres engagemens que ceux qui sont publiés, et nous serions dans une position bien fausse, si nous nous trouvions réduits à équivoquer en pareille matière. — Nous devons nous rappeler dans tout le cours de cette affaire et faire sentir à nos alliés. que le parlement britannique discutera toutes ces questions dans le sens le plus étendu, que nous avons à aborder une nouvelle chambre des communes qui n’a pas encore été éprouvée, dont les tendances sont douteuses, et qui très certainement n’est pas préparée à considérer les questions étrangères du même point de vue que le faisait le parlement, il y a quelques années, lorsqu'il était placé sous la pression ou sous le souvenir encore tout récent des grands dangers extérieurs. »

Une autre lettre de lord Liverpool, écrite le mème jour, après l'arrivée d’un courrier de lord Castlereagh, contient les passages suiVans :

Lies Nous venons de recevoir vos dépêches. Nous avons à peine eu le temps de les parcourir; mais la possibilité d’un nouveau traité auquel la France prendrait part a appelé toute notre attention. Nous sommes persuadés qu’une telle mesure deviendrait la matière des débats les plus pénibles, et nous ne pourrions empêcher le parlement de prononcer une opinion sur