Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

LV.

LE SECOND MINISTÈRE DU DUC DE RICHELIEU, LA GRISE EUROPÉENNE DE 1821 ET LA POLITIQUE DE L'EMPEREUR ALEXANDRE, DU PRINCE DE METTERNICH ET DE LORD CASTLEREAGH. *

É

Le ministère qui prit, à la fin de l’année 1818, la direction des affaires de France avait été formé avec le concours et sous l'influence des hommes éminens qu’on appelait dès lors les doctrinaires; un de leurs chefs, l’éloquent M. de Serres, en faisait partie. L’avénement de ce cabinet fut signalé par l'abandon des derniers restes du régime répressif et exceptionnel de 1815, par le rappel de la plupart des exilés, par l'admission dans la chambre des pairs d’un nombre considérable de libéraux et d'anciens bonapartistes, et par l'établissement d’une complète liberté de la presse sous la garantie de la législation là plus généreuse que la France ait jamais possédée. Il fut signalé aussi par un redoublement d’hostilités de la part des ultra-royalistes, fortifiés cette fois de l'adhésion d’une fraction considérable de l’ancien parti modéré qui avait aidé naguère M. de Richelieu à contenir les exagérations de la droite, mais qui, croyant maintenant que le danger ne venait plus de ce côté, voyait avec défiance quelques-uns des nouveaux conseillers de la couronne, et s’inquiétait surtout de l'extension prématurée que l’on donnait aux libertés publiques.

Cette disposition, ces tendances, ces inquiétudes étaient aussi en général celles des gouvernemens étrangers. L’envoyé de Russie, M. Pozzo di Borgo, si intimement associé à la politique du duc de Richelieu, n'avait pu voir qu'avec un sentiment pénible le renversement de cette politique; il ne dissimulait en aucune façon le regret qu’il en éprouvait, le jugement sévère qu'il portait de celle qui l'avait remplacée, et ses rapports durent contribuer à modifier les appréciations de l'empereur Alexandre, jusqu'alors si favorable à tous les dévelop-