Louis XVI et la Révolution

76 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

pamphlet lancé contre Marie-Antoinette dessille les yeux de Marie-Thérèse, qui écrit à son confident Mercy : « Je ne saurais vous nier que je n’ai pas cru que la haine invétérée contre les Autrichiens, contre ma personne et la pauvre innocente reine était encore si inaltérablement placée dans les cœurs des Français. C'est done à cela qu'aboutissent toutes ces adulations tant prodiguées! c’est donc cela l'amour qu'on porte à ma fille! Jamais rien de plus atroce n’a paru et qui met dans mon cœur le plus vil mépris pour cette nation sans religion, mœurs et sentiments. » Le vrai début de la défaveur de la reine auprès du public fut sa partialité pour sa famille, dans de simples questions d’étiquette, en 1775. L’archiduc Maximilien, qui était venu voir sa sœur, incognito, prétendit qu’il ne devait pas faire la première visite aux princes du sang; la reine soutint sa cause, et traita assez vivement le duc d'Orléans qui excipait de l’incognito : « Le roi et ses frères n'y ont pas regardé de si près. Laissant de côté la qualité d’archiduc, vous auriez pu remarquer que le roi l’a traité en frère et qu'il l'a fait souper en particulier dans l’intérieur de la famille royale, honneur auquel je suppose que vous n’avez jamais prétendu. » Le publie prit fait et cause pour ses princes : « C’est à cette époque, dit M" Campan, et peut-être pour la première fois, que les cercles de la ville et même de la cour s’exprimèrent d'une manière affligeante sur sa légèreté et sa partialité en faveur de la maison d'Autriche. » Puis ce fut sa frivolité. On trouva mauvais qu’une reine qu’on croyait devoir être sérieuse s’occupât avec passion, et en public, de simples amusements, comme des courses de chevaux : « Quoiqu'il n’y eût rien à redire à cet objet de promenade, remarque justement Mercy, il a été regardé comme une suite d’un désir insatiable d’amusement. Une foule de monde s’était rendue à ce mince spectacle, et la reine ne fut point accueillie avec les mêmes applaudissements et marques de joie accoutumées. La raison en est que le public fondait de grandes espérances en son influence