Louis XVI et la Révolution

MARIE-ANTOINETTE. 79

général est si fort qu'il gagne jusqu'aux gens de sa maison. Un domestique, surpris en train de lire un pamphlet contre elle, ne fait que rire de ses reproches. Dès 1775, on est obligé de faire surveiller les cafés, où l’on tient des propos outrageants contre Marie-Antoinette. À peine ose-t-elle aller au théâtre, ne sachant plus quel accueil on lui fera. En 1787, les applaudissements du publie de l'Opéra, à l'entrée de la reine, sont interrompus par un coup de sifflet. On ne saurait croire jusqu’à quel degré de rage sont montés les pamphlets contre la reine. On ne peut citer, pour mémoire, que le titre seul d’un de ces libelles, la Confession générale de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le comte d'Artois, où les immondices sont accumulées à plaisir. Dès 1788, on chante ceci :

Des Isabelle de Bavière,

Des Brunehaut, des Médicis, Vois dans ta souveraine altière Tous les attentats réunis...

O ciel! voulez-vous à la terre Montrer toute votre équité : Écrasez d'un coup de tonnerre Ce monstre infâme et détesté!

Les suppositions les plus absurdes paraissent vraisemblables, lorsqu'elle est en jeu. L’Anglais Young raconteque «le bruit en vogue à présent, et qui obtient crédit, est que la reine a été convaincue du complot pour empoisonner le roi et Monsieur, donner la régence au comte d'Artois, et faire sauter le Palais-Royal par une mine. » A Royat, en août 1789, Young constate une haine plus folle encore contre Marie-Antoinette : « Deux opinions se balançaient : la première, que j'étais un commissaire venu pour évaluer les ravages faits par la grêle; l’autre, que la reine m'avait chargé de faire miner la ville pour la faire sauter, puis d'envoyer aux galères tous les habitants qui en réchapperaient. Le soin que l’on a pris de noircir la