Louis XVI et la Révolution

LA COUR. 4415

Tout cela, sans doute, est un peu la faute de la cour et du roi. Si l’esprit militaire tend à disparaître, Louis XVI ne fait rien pour l’entretenir. On ne voit jamais un uniforme à Versailles, « si ce n’est, dit d'Hézecques, le jour de la revue des gardes françaises dans la plaine des Sablons et celui où un colonel prenait congé pour rejoindre son régiment ; alors il paraissait avec son habit d'ordonnance ». Aussi connait-on bien peu les hommes de valeur qui se trouvent à l’armée; Gelb, par exemple, un des meilleurs officiers généraux, au témoignage de Bouillé, est ignoré de la cour. La négligence du roi pour les choses militairesexplique, mais ne justifie pas ces véritables erimes de lèsepatrie et de lèse-royauté dont nous avons parlé. Viennent les temps difficiles, et cette armée, La FAYETTE. perdue par l'indiscipline des courtisans, des nobles, se disloquera au premier effort qu'on lui demandera. Ce ne sont pas pourtant les officiers qui font défaut : on compte alors onze maréchaux de France, cent quatre-vingt-seize lieutenants-généraux, sept cent soixante-dix maréchaux de camp, cent treize brigadiers d’infanterie, soixante-neuf brigadiers de cavalerie, el plus de neuf cents colonels. Le roi dépense pour son armée deux ou trois fois plus, proportionnellement, que les autres souverains. Mais c’est de l'argent gaspillé. L'esprit de loyalisme, de dévouement désintéressé et chevaleresque pour le roi, n'existe