Louis XVI et la Révolution

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plus. Aux premiers troubles, la trahison apparaît : « M. de Besenval, dit Weber, se couchait honteusement pour ne pas donner d'ordres à sa troupe, craignant, à ce qu’on dit depuis, que, si l’émeute devenait trop considérable, le peuple ne pillât sa maison, où il avait fait faire depuis peu des embellissements de la plus grande magnificence. » Et Rivarol affirme le même fait. Même la maison militaire se trouve tout à coup révolutionnaire. Yzarn de Valady, qui embrasse avec tant d'ardeur la cause de la nation, était officier aux gardes. Gouverneur Morris, qui n’a pas d'intérêt particulier, et qui voit clair, nous dit : « Les gardes du corps sont, en général, d'aussi chauds partisans du tiers que qui que ce soit, si étrange que la chose puisse sembler ; de sorte que le glaive a glissé des mains du monarque sans qu'il s’en soit aperçu. »

Un égoïsme absolu, à peine déguisé par de belles phrases, a remplacé le royalisme pur : « J'ai constamment remarqué, écrit le baron de Staël-Holstein le 8 juillet 1791, que les personnes qui se disent les amis du roi, par toutes leurs démarches songent moins à lui qu'à leurs misérables intérêts, leurs craintes, et leurs haines particulières. » En 1791, la noblesse, qui n’a songé qu'à assurer son salut personnel par la fuite, a des mots durs pour le malheureux otage qu'elle a abandonné. La marquise de Raigecourt écrit à la marquise de Bombelles, le 16 octobre : « Notre malheureux roi s’avilit tous les jours, car il en fait par trop, même s’il a encore l'intention de leur échapper. » Les yeux de Louis XVI s'ouvrirent, mais trop tard, sur la véritable valeur de ses ex-courtisans, et sur les maladresses qu'ils aceumulaient : « Les amis sont fous et imbéciles, et font toutes sortes de sottises », écrivait-il le 19 mai 1791 à M de Polignac. Il en était arrivé à cette triste constatation que la noblesse avait ruiné la France. Ajoutons que du même coup elle avait préparé la chute de son roi.

Mais c’est surtout la reine qui est la véritable victime de la cour. Marie-Thérèse, qui avait des divinations maternelles