Louis XVI et la Révolution

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le due d’Aiguillon était soupçonné d’avoir part aux écrits anonymes qui se sont répandus contre le gouvernement, et particulièrement en vue de nuire à la reine. » Quand on cherche l'auteur d’un libelle contre Marie-Antoinette, on soupçonne un instant Beaumarchais : M. de Sartine répond que Beaumarchais est léger, inconséquent, mais sans doute incapable d’une action déshonnète. Il penche à soupçonner le duc d’Aiguillon. Le baron de Besenval est beaucoup plus catégorique : il montre le duc «à la tête d’une cabale, composée de gens obseurs et en sous-ordre, qui, échauffant le bas public, jetaient de la fermentation dans les esprits, occasionnaient un débordement de propos, de libelles, de vers et de chansons, où le roi et surtout la reine n'étaient pas ménagés ». La chose alla si loin que Besenval se crut obligé de prévenir Marie-Antoinette : «Je lui représentai avec force, dit le baron, PH SERRE le danger qu'il y avait pour elle

de laisser subsister une cabale

aussi inquiétante, ayant à sa tête le due d’Aiguillon, dont le caractère méchant, vindicatif et profond, devait lui faire tout craindre ; indépendamment de l’importunité de se voir chansonnée à tout instant ; de voir ses moindres démarches empoisonnées ou tournées en ridicule par cette foule d’émissaires que le duc d’Aiguillon tenait toujours à ses gages. » Ce n'est pas tout : la reine a encore pour adversaires M°° de Marsan et sa coterie, qui lui ont déclaré la guerre du temps qu'elle n’était encore que dauphine : « Il s'établit, dit M®° Campan, un foyer d’intrigues, ou plutôt de commérages, dans la société

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