Louis XVI et la Révolution

LA COUR. 149

de M"° de Marsan : ses moindres actions y étaient mal interprétées ; on lui faisait un crime de sa gaieté et des jeux innocents qu’elle se permettait quelquefois dans son intérieur. » Enfin la puissante maison des Noailles est aliénée à tout jamais, Jlorsqu'ils se voient enlever par la reine une survivance sur laquelle ils comptaient.

En général, les courtisans n'ont pour Marie-Antoinette ni affeclion ni respect. La vieille cour ne pardonne pas à la jeune reine quelques sourires devant un défilé de douairières : « Les petits bonnets noirs à grands papillons, raconte M° Campan, les vieilles têtes chancelantes, les révérences profondes et répondant au mouvement de la tête, rendirent, à la vérité, quelques vénérables douairières un peu grotesques.. Sa Majesté porta son éventail devant son visage, pour cacher un sourire involontaire, et l’aréopage sévère des vieilles dames prononça que la jeune reine s'était mo- RO CRE PAS quée de toutes les personnes respectables qui s'étaient empressées de lui rendre leurs devoirs; qu’elle n’aimait que la jeunesse, qu'elle avait manqué à toutes les bienséances, et qu'aucune d'elles ne se présenterait plus à sa cour. » Quant à la jeune cour, elle n’admet pas davantage les préférences trop marquées de Marie-Antoinette pour quelques personnes privilégiées. Quoi que fasse la reine, elle a toujours contre elle un parti qui ne l'épargne pas. Les chansons les plus odieuses contre Marie-Antoinette cireulent sitôt que quelque réforme vient troubler les courtisans dans leur quiétude. Au moment des édits de Turgot et des réformes du