Louis XVI et la Révolution

LA COUR. 121

parmi les défenseurs de la monarchie, et qui, en défendant le trône, accusait la reine, et cherchait à rendre le roi ridicule. Tant était grand l’aveuglement des Français, et tant ils étaient dignes du sort malheureux qu’ils ont éprouvé pendant plusieurs années |! » À coup sûr, le baron de Besenval savait très personnellement à quoi s’en tenir sur la vertu de la reine, qui avait mis dédaigneusement à la porte ce vieux courtisan trop galant. Mais c'était une habitude prise, à la cour, de calomnier les mœurs de Marie-Antoinette, surtout lorsqu'elle avait fait comprendre à un audacieux que son attitude lui déplaisait : « Leur vanité en était blessée, dit encore M* Campan, et le plaisir de la vengeance les portait à dire ou à laisser penser qu'ils avaient eu le malheur de cesser de plaire. » On ne respecta même pas la douleur de la mère, à la mort du premier dauphin, et, dans un mot vague d’enfant à l’agonie, on voulut voir une insulte du fils à la mère : la chose vaut qu’on la rapporte in extenso : « La reine était à Meudon, écrit l’auteur de la Correspondance secrète à la date du 10 juin 1789, au moment où M. le Dauphin entra en agonie. Elle se tenait aux pieds de son lit, plongée dans la douleur et versant des larmes. M. le duc d'Harcourt, pour dérober à son élève mourant le spectacle attendrissant de sa mère, toute livrée à son affliction, se plaça entre Sa Majesté et son fils. M. le Dauphin s’en aperçut : Éloignez-vous, monsieur le duc, lui dit-il, afin que j'aie le plaisir de voir pleurer ma mère. » Ce propos, qui est celui d’un enfant dont la tête commence à se troubler, est un sujet intarissable de commentaires, tous plus ridicules les uns que les autres. Les courtisans veulent voir dans ce propos ce qui n'y est pas. Le mourant n’a voulu dire autre chose que : « Monsieur le duc, ôtez-vous, que j'aie encore le plaisir de voir maman. » Et le narrateur de ces vilaines interprétations ajoute justement : « C’est une bien vilaine race que les courtisans. »

Jamais ils ne l’ont mieux montré que dans l'affaire du collier. D'un côté Breteuil, plus soucieux de perdre son propre