Louis XVI et la Révolution

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ennemi que de ménager la réputation de la reine, faisait éclater un scandale qu’il aurait mieux valu étouffer. Sa fureur contre le cardinal de Rohan datait en partie du jour où l’abbé Georgel avait refusé de le mettre en rapport avec l’espion qui renseignait si bien le cardinal à Vienne. De l’autre, Mesdames, embrassant la cause de l'Église, condamnaient la conduite de leur neveu et de leur nièce. La cour les imitait, mais non pas par piété, et la mode prenait parti pour Rohan : « Au nombre des modes nouvelles qui ont paru à la promenade de Longchamps, dit l’auteur de la Correspondance secrète, étaient les chapeaux au cardinal, que M'° Bertin a mis en vogue. Ils sont de paille, et le haut de la forme est écarlate, les rubans et le bord du chapeau de la même couleur. » Et ce n’était pas là une simple et puérile bravade : « Le clergé et la plus grande partie de la noblesse, dit M#° Campan, furent en ce moment déchaïinés contre l'autorité, et principalement contre la reine.» Enfin, la comtesse de La Motte trouvait pour ses pamphlets contre la reine un collaborateur inattendu dans la personne d’un noble, d’un ex-courtisan, d’un ancien ministre, M. de Calonne : « Je puis attester, déclare solennellement M"° Campan, que j'ai vu dans les mains de la reine un manuscrit des mémoiresinfàames de la femme La Motte, qu’on lui avait apporté de Londres, et qui était corrigé de la main même de M. de Calonne dans tous les endroits où l'ignorance totale des usages de la cour avait fait commettre à cette misérable de trop grossières erreurs. » Sur un point aussi capital, si l’on récuse la déposition d’un seul témoin, voici l’irrécusable témoignage d’Augeard qui dit : renvoyé par la reine « cet homme a répandu, lui, les siens, et les gens qu'il avait enrichis aux dépens du trésor royal, contre la reine un océan de diffamations. À Londres, à quoi a-t-il employé ses loisirs? À corriger les infâmes mémoires de la La Motte. C’est notre ambassadeur, M. le chevalier de la Luzerne qui l’a mandé à Sa Majesté. J'ai vu sa lettre. » Nous trouvons la conclusion de toute cette affaire