Louis XVI et la Révolution

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Il avait nettement vu le défaut capital de son royal élève. Louis XVI est tellement à la merci de quiconque veut prendre de l’ascendant sur lui que, à la mort de Maurepas, l'ambassadeur d'Autriche recommande à Marie-Antoinette non seule-

Le Ro procHANT AU CHamP DE Mars (14 juillet 1790).

ment d’écarter toute velléité de prendre un premier ministre, mais encore de veiller soigneusement aux influences subalternes. On redoute jusqu’au valet de chambre, Thierry, qui a déjà réussi à faire nommer M. de Vergennes aux affaires étrangères. Comme tous les tempéraments faibles, le roi ne sait pas dire «non» à ceux qui lui parlent en face, il se laisse intimider : ilcapitule pour avoir la paix, lorsqu'on lui tient un langage ferme : on sait que l’on peut tout oser avec lui. Ses ministres, abusant de sa faiblesse, le déconsidèrent devant

l'opinion : cesont les propres expressions d’un ambassadeur, du baron de Staël : « l’inconsidération dans laquelle les ministres du Roi l’ont fait tomber a inspiré à tous ses sujets un courage fondé sur l'opinion de sa faiblesse. » [ls sont du reste les premières victimes de cette annihilation de Louis XVI : car on les bat en brèche plus sûrement; on sait bien qu'ils ne seront pas