Louis XVI et la Révolution

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défendus longtemps : « le renvoi de M. de Calonne fit apprécier le caractère du Roi. Je trouve, ajoute Besenval, que le Roi, par la faiblesse de sa conduite, s'était mis absolument dans la situation de Charles [#, après qu’il eut sacrifié le comte de Straffort. » Louis XVI qui, au début, estime et protège Necker, n'ose pas le conserver, après une démarche collective du conseil, et le renvoie en le regrettant. Il cède-avec la plus grande répugnance, mais enfin il cède. C’est ce manque de virilité qui fera commettre à Louis XVI toutes ses fautes, ou, pour mieux dire, qui le livrera comme une matière inerte à ses pires conseillers : « si céder est l’art de gouverner, écrit le baron de Staël, jamais roi ne l’a mieux connu. »

Pourtant, Louis XVI tenait à certains moments à son autorité, et se rebiffait quelquefois contre ceux qui lui résistaient : «le Roi a de lui-même, dit le baron de Staël, sans avoir besoin de recevoir l'impression de ses ministres, un sentiment d’indignation contre tout obstacle à son autorité. » La contradiction est singulière, en apparence incompréhensible : le prince de Kaunitz l’explique ainsi à Merey : « rien n’est plus difficile à gouverner que les sots, toujours plus soupçonnêux et plus déraisonnables que le reste des hommes. » De là, comme conséquence naturelle, apparaît chez Louis XVI la dissimulation, voire même une certaine fausseté. Même dans les années heureuses, la franchise n’est pas pour lui un besoin. Il ment, ou répond jésuitiquement, même à sa femme. La reine avait été informée, par le baron de Besenval, qu'un certain de Pezay entretenait une correspondance confidentielle avec le roi, qu'il commençait à prendre du crédit. MarieAntoinette en parle au roi, qui nie le fait et répond dédaigneusement : « Croyez-vous que je me compromette avec de pareilles espèces? » C’est la même tactique pendant la Révolution : il trompe tout le monde et pratique un certain machiavélisme sans dignité, sans utilité; car ces tristes ruses sont devinées même par le peuple. Après son discours du