Louis XVI et la Révolution

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des côtés, du devant, sont remplacés par des glaces, et ces glaces sont entourées d’encadrements de vermeil, ornés de saphirs, de rubis et d’autres pierres précieuses. Le plus souvent c’est par coquetterie personnelle qu’elle épuise sa cassette et fait des dettes. Surtout elle adore les pierreries : elle ne peut voir de joli bijou sans le désirer, ou le faire copier. Outre tous ceux qu’elle possède déjà, elle en reçoit du roi, qui ne lésine guère sur ce chapitre : en 1775 seulement, il lui en offre pour plus de cent mille écus. De plus, la reine se fait des cadeaux à elle-même, et fort galants : des boucles d'oreilles de huit cent mille livres, des bracelets de trois cent mille francs. Lorsque Marie-Thérèse, exactement tenue au courant de tous ces achats par Mercy, et se prétendant malinformée par les gazettes, lui demande ce qu’il en est, Marie-Antoinette répond lestement : « Je n’ai rien à dire sur les bracelets, je n'ai jamais cru qu'on pût chercher à occuper la bonté de ma chère maman de pareilles bagatelles. » L’impératrice, qui n'avait pas dépensé deux mille florins dans toute sa vie pour ses diamants, écrivait à sa fille sévèrement et justement : « Une souveraine s’avilit en se parant, et encore plus si elle pousse cela à des sommes considérables, et en quel temps! » A cette époque de misère, en effet, le public trouve intempestif le luxe de la reine, et il est assez de l’avis de Joseph IT : l’empereur, assistant à la toilette de sa sœur, répond cette désagréable vérité à Marie-Antoinette qui lui demande un compliment sur sa coiffure : « Ma foi, si vous voulez que je vous parle franchement, Madame, je la trouve bien légère pour porter une couronne. » La coiffure est légère, mais la note à payer est lourde. Me Bertin, la grande faiseuse, devient la collaboratrice de la reine, et comme un personnage officiel. Le jour de l'entrée du roi et de la reine à Paris, toute la cour, en passant devant le balcon de.M'° Bertin, s'incline, à l'exemple du roi qui applaudit la couturière de sa femme. M'° Bertin entraine à des caprices coûteux la reine, et avec elle toutes les jeunes