Louis XVI et la Révolution

MARIE-ANTOINETTE. 59

à fait nettoyées. » Mais il était trop tard, et le mal était fait : « C'est ainsi, lit-on dans la correspondance de La Marck, que cette société Polignac a beaucoup nui, je ne dirai pas seulement à la malheureuse reine, mais aussi aux vrais intérêts du roi et par conséquent à ceux de la monarchie, » Le public, en effet, suit d’un œil jaloux tous ces gaspillages; il commence à compter ce que les amitiés de la reine coûtent à la France. Dans le recueil Clairambault-Maurepas, voici sur ce point une chanson mise dans la bouche de Marie-Antoinette :

Calonne n’est pas ce que j'aime,

Mais c’est l’or qu’il n’épargne pas. Quand je suis dans quelque embarras, Alors je m'adresse à lui-même.

Ma favorite en fait de même,

Et puis nous en rions tout bas, tout bas.

À ce premier compte, grossi par l'imagination populaire, on en ajoute un second : celui de toutes les dépenses que Marie-Antoinette fait pour sa personne; elle qui était arrivée en France avec des habitudes d'économie, voire de ladrerie allemande, elle s’était vite habituée à la prodigalité de la cour. Cette reine coûtait à la France autant et plus qu’une maitresse royale. La seule circonstance atténuante était que peut-être Marie-Antoinette ignorait la gène des finances, par la faute de Calonne, qui lui envoyait soixante mille livres quand elle en demandait trente; mais Calonne ne fut pas toujours contrôleur général, et la reine fut toujours dépensière. Outre le luxe officiel de la cour et les dépenses qui convenaient au rang de Marie-Antoinette, elle laissait l’or couler entre ses mains avec une prodigalité qui avait rarement une excuse. Quelquefois elle fait des dépenses folles pour ses enfants, ce qui du moins n’est que l’exagération d’un bon sentiment. La baronne d'Oberkirch admire beaucoup un carrosse que la reine a offert au dauphin. Les panneaux et les peintures