Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

*e MARAT INCONNU

M. Lévi, pour établir son opinion, n'avait que consulté le rapport de Marat, sans avoir observé la malade elle-même. Il avait pourtant le droit de soumettre ses réflexions, ne demandant, en somme, que de nouveaux éclaircissements pour entraîner sa conviction.

Quant au marquis de Laubespine, il entendait difficilement raison quand on osait mettre en doute la gravité de la maladie de la marquise. Il écrivit « aux auteurs de la Gazette de Santé », une lettre ab trato ; réclamant impérieusement son insertion « pour ne pas être dans le cas d'avoir recours à l'autorité.» Bien qu'on fût en 1777, notre confrère fit une réponse digne, qui consacrait les droits imprescriptibles de la presse. La menace de l'autorité était au moins inutile, y était-il dit en substance :

« Chacun ale droit de faire insérer dans notre feuille tout ce qui est instructif et en même temps honnête. Mais lorsqu'il s’agit d'opinions, M. le marquis doit savoir que dans les états mêmes où on est accoutumé à la subordination, l’opinion ne sé commande pas; à plus forte raison, dans une profession libre, telle que la médecine, qui ne reçoit à cet égard des ordres de qui que ce soit ». Sous bénéfice de ces observations, la Gazette donna dans ses colonnes l'hospitalité à la réclamation du marquis. Celui-ci engagedit les incrédules à s'informer des détails