Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
290 MARIE-ANTOINETTE
misme et lui cachent les réels dangers qui l’entourent et qui augmentent avec les craintes d’une intervention étrangère, note dans son journal, lorsqu'il eut connaissance de ce mémoire chez Mercy :
« Vu le mémoire de la Reine à l'Empereur. Détestable. Il est fait par Barnave, Lameth et Duport. Ils croient faire peur à l'Empereur et lui prouver que son intérêt est de ne pas faire la guerre à la France, mais de maintenir la constitution, car, sans cela, les Français propageront leurs doctrines chez lui et débaucheront ses soldats. On voit cependant qu'ils ont peur eux-mêmes, »
Pendant que Marie-Antoinette se prépare à expédier ce mémoire à Mercy, Louis XVI recoit une lettre de Léopold IT présentant les réclamations de l'Empire quant aux droits des princes possessionnés en Alsace et faisant des réserves quant à l'attitude de l'Autriche vis-à-vis des émigrés et des nouveaux pouvoirs en France. Cette circonstance ne devrait-elle pas changer les dispositions du mémoire que la Reine a promis de transmettre à l'Empereur? Elle ajoute à la fin de la lettre citée plus haut, par laquelle elle en accusait réception à ses conseillers :
€ La lettre officielle que l'Empereur vient d'écrire au Roi pourrait pourtant changer quelque chose aux dispositions du mémoire. Ce n’est pas cependant que mon opinion ne soit bien établie quant au danger qu'il ÿ aurait si l'Empereur soutenait les émigrants