Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

292 MARIE-ANTOINETTE

» Si l'Empereur examine quelle effroyable secousse ce sera pour toute l’Allemagne que l'invasion d’une armée de gardes nationales sur les terres des électeurs, il sentira qu’il est de l'intérêt de tous de prévenir cette extrémité, et si les électeurs sont instruits de ses intentions, s'ils savent qu'ils n’ont aucun secours à espérer de lui, il n’est pas possible qu'ils balancent à accorder la satisfaction qui leur a été demandée.

» En général, plus l'Empereur contribuera à abréger nos querelles avec les émigrants, plus il se montrera envers la France un allié fidèle et utile, en même temps qu'il imposera au parti anarchiste et républicain, il servira les intérêts du Roi... »

Marie-Antoinette avait raison de ne pas partager l’optimisme de ses correspondants. Pour tout accusé de réception de ce mémoire envoyé par elle à Mercy pour être transmis à l'Empereur, le représentant de Léopold IT lui écrit un billet sans signature, daté de Vienne le 9 avril 1792, dans lequel, sans rien répondre au sujet du mémoire, il se contente d’assurer la Reine de son profond dévouement :

« L'inviolable attachement que j'ai voué à toute la postérité de l’immortelle Marie-Thérèse et très particulièrement à Votre Majesté depuis son enfance, ne finira qu'avec ma vie. »

Les choses étaient déjà trop avancées pour que cet appel aux sentiments de l'Empereur pût avoir