Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
FERSEN ET BARNAVE 293
aucun effet. Peu à peu l'Autriche et la Prusse, excitées par la Russie qui voulait avoir les mains libres en Pologne, se laissaient aller à l'idée d’une intervention armée en France. Il n'était plus possible d'éviter le conflit armé qui se préparait. Bientôt après l’on apprenait que 14.000 émigrés à Coblentz étaient en armes et se préparaient à marcher sur les frontières, pendant qu'une convention était signée à Vienne entre la Prusse et l'Autriche pour envahir la France avec 240.000 hommes. 1
Cette nouvelle jette la consternation parmi les conseillers de la Reine. Ils écrivent le 30 décembre :
« La nouvelle arrivée de Vienne est extrèmement ficheuse, et si l’on ne prévient l'effet par une conduite hardie, il sera tout entier contre le Roi et peut-être encore plus contre la Reine. Si le Roi demeure muet en ce moment, il paraîtra impliqué dans la démarche de l'Empereur et sa propre conduite ne sera qu'un piège. Au milieu de circonstances si critiques il demeurera sans prestige et sans autorité.
» ILest donc essentiel que le Roi s'empare luimême du premier mouvement. Qu'il vienne en personne à l’Assemblée et que dans un discours de quelques phrases pleines de patriotisme et de dignité il prévienne toutes Les impressions fâcheuses que les ennemis de la royauté s’empresseront de répandre.
» Si l’on n’adopte cette démarche, si elle n’est