Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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exécutée dès demain, il est difficile de prévoir jusqu'à quel point les ennemis pourront tirer parti d'un événement dont toutes les apparences viennent à l’appui de leurs calomnies.

» Nous allons nous occuper de ce discours du Roi. Nous le remettrons à M. de Lessart avant l'heure du conseil. Il est nécessaire qu'il soit adopté sans chansement, car la circonstance est si critique que toutes les expressions doivent être pesées attentivement et dictées par le même esprit.

» Si l’on se conduit ainsi il est possible que cet événement, loin de nuire au Roi, contribuera à augmenter son influence et son crédit. Mais si on se laisse prévenir, si l’on se tait, si l’on laisse écouler le temps, tout est perdu. »

Quelques heures plus tard « l’agent » écrit à la Reine ce billet :

Samedi huit heures du matin.

(Ges messieurs m'ont écrit à quatre heures du matin pour me charger de faire savoir à la Reine, au moment de son lever, qu'un message du Roi à l’Assemblée serait plus avantageux et plus convenable que s'il y allait lui-même. Ils me chargent encore d'observer à la Reine qu’il est important de ne rien Changer au discours que M. Lessart doit avoir remis au Roi et qui doit être envoyé à l’Assemblée ce matin. »