Mémoire sur la Bastille

LINGUET 49

Tout homme de guerre qu’est M. le maréchal de Duras; tout homme de lettres qu'est M. le maréchal de Duras; tout homme d'esprit qu'est M. le maréchal de Duras; tout académicien qu'est M. le maréchal de Duras : malgré tous ces titres, il n’est pas probable qu’il ait paru au ministère françois, lui tout seul, un personnage plus important que la maison d’Autriche entière; quelque violentes qu'on veuille supposer mes six lignes ignorées à M. le maréchal de Duras, on ne peut pas imaginer de les comparer à l’inculpation publique, et aussi atroce que fausse, du roman dont il s’agit.

Si donc M. le maréchal de Duras a bien voulu servir de prête-nom à la lettre de cachet contre moi, quand on l’a enfantée, il est évident que ce n’est pas à lui que je dois en imputer la durée; il n’auroit pas demandé, on ne lui auroit pas offert, un si long sacrifice(21); il n’a pas tenu à cette indiscrétion, ou plutôt à cette malignité, qui me cherchoient partout des torts, et au ministère

sa querelle avec Voltaire. Ses Notes sur Le Siècle de Louis XIV, publiées avec le texte de cet ouvrage (Francfort, 1793, 3 vol. in-12), lui valurent un an de Bastille. Linguet ne fait ici allusion qu’à sa deuxième incarcération. Quant à l'intervention de la cour de Vienne, l'ayant obtenue et la désirant encore pour lui-même, il est naturel qu’en bon avocat il en exagère l'importance à propos de La Beaumelle. Mémoires sur la Bastille. 7