Mémoire sur la Bastille

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françois des excuses, qu’on ne le crût exigé par une divinité terrestre un peu plus imposante. Elles ne se sont pas bornées à compromettre à mon occasion le nom d’un seul souverain. Après avoir donné mes prétendues relations avec l'un comme le motif de l’iniquité du 27 septembre 1780, on a voulu en rendre un autre directement complice. On a publié qu’elle avoit été accordée aux instances de Sa Majesté prussienne. Le bruit s’est répandu, et il subsiste encore, que ce monarque, piqué de l’épître à M. d’Alembert! et des détails que j'ai cru devoir publier à l’occasion de la célèbre affaire du meunier?, et plus encore aiguillonné par les instances des petits Platons de Paris, avoit

1. Voyez le tome IX des Annales politiques, etc., p. 79(Linguet.) — C’est une pièce en vers, de huit pages, intitulée : Épttre de l’auteur des Annales à M. d’Alembert sur son prochain voyage en Prusse. Dans une note, Linguet remarque que, si « Louis XIV donnoit des pensions à des étrangers on ne voit pas qu’alors les François en reçussent de personne que de leur prince... On pense bien autrement aujourd’hui. Nos philosophes comptent hardiment parmi leurs titres de gloire les quittances qu’ils donnent pour valeur reçue à des ministres étrangers ».

2. Ibid., p. 4 et suivantes. (Linguet.) — Après avoir loué « l'exemple imposant de justice » que Frédéric 11 avait donné dans cette circonstance bien connue, Linguet publie une Lettre de Berlin, datée du 20 mai 1780, d’après laquelle le meunier aurait eu entièrement tort, et le roi pris un prétexte quelconque pour renvoyer son chancelier, contre lequel il avait de l'humeur.