Mémoire sur la Bastille

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de cette espèce contre ce même écrivain, qui ne l’avoit jamais offensé? Quelle apparence d’ailleurs que Versailles eût cru devoir un hommage aussi cruel à Potsdam, qu'on eût osé faire au roi de France la proposition de se rendre lexécuteur des vengeances du roi de Prusse ?

Dans des délits publics, qui tendent à flétrir Fhonneur d’une couronne, tels que celui de La Beaumelle, dont je viens de parler, les princes peuvent sans doute se rendre les uns aux autres le service de les réprimer, quoiqu’ils n’y soient pas personnellement intéressés ; mais dans tout le reste ils portent entre eux la jalousie du pouvoir au point de protéger, et quelquefois au préjudice de l’ordre commun, même les coupables; comment les soupçonner de se concilier pour la proscription d’un innocent?

Enfin, ce qui achève de justifier le roi de Prusse et de démontrer que je n’ai pas été le Callisthène de l’Alexandre du Nord, c’est la date de la lettre de cachet dont il s’agit. Le 16 avril 1780 est de beaucoup antérieur aux prétendus torts avec les-

est le plus odieux, le plus [ gands mèmes sont moins lâche, le plus abominable | coupables qu'eux, et ils mé-

des assassins. » ritent d’être doublement pu(Annales, t. IV, pp. 322 | nis-» et 323.) (Rescrit de Frédéric IL du

11 décembre 1779.)