Mémoire sur la Bastille

74 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

gouvernement ne devoit pas tarder à faire luimême : car enfin que reste-t-il des opérations de M. Necker? Si M. Pélisseri a été coupable en les censurant, que sont donc ceux qui les ont détruites ? (24)

Peut-on ne pas frémir d'horreur en songeant que celles dont je trace le pénible tableau ont été le prix d’une indiscrétion qui, quelques mois plus tard, est devenue, non seulement une action prudente, mais une nécessité? Le panégyriste de M. Necker aujourd’hui risqueroit sans contredit de se trouver le commensal de son critique : et tandis qu’un despotisme sans pudeur multiplie arbitrairement les victimes de ces terribles inconséquences, leurs réclamations se perdent dans les ténèbres inaccessibles dont je parle.

Encore une fois, qu’on y songe bien, rien n’en sort, comme rien n’y pénètre ; les tentatives même qu’un prisonnier peut hasarder, auprès de ses protecteurs, pour les intéresser à obtenir ou une procédure ou un pardon, on les intercepte, on les ensevelit : avertis même, par ces indications indiscrètes, des côtés par lesquels il peut se flatter d’être secouru, les limiers de la police se hâtent de fermer les passages aux efforts que l’on pourroit tenter en sa faveur. On ne lui laisse le pouvoir de solliciter ceux qui peuvent solliciter pour lui que quand il a bu jusqu’à la der-