Mémoire sur la Bastille

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lue; et ces alternatives sont fréquentes : j’ai souvent compté que sur une heure, durée de la plus longue promenade, il y avoit trois quarts d’heure consumés dans l’inaction humiliante et cruelle du cabinet, |

J’ignore si cette police est justifiée par une lettre signée Amelot, mais il est sûr qu’elle est nouvelle. Jusqu'à ces derniers temps, passé neuf heures du matin aucun étranger n’étoit admis dans la cour sans la plus pressante nécessité : les provisions étoient faites; les visites se recevoient au dehors, et le manège du cabinet n’avoit lieu que pour des occasions sérieuses qui sembloient l’excuser. Enfin ce n’est pas tout : cette promenade même si insuffisante, si cruellement modifiée, devenue, comme le reste, un supplément de souffrance plutôt que de consolation, elle est suspendue journellement et arbitrairement. Si un curieux demande à voir la Bastille, s’il y a quelques réparations qui exigent le passage d’un ouvrier; si monsieur le gouverneur a un grand dîner, ce qui nécessite l’entrée et la sortie de ses laquais, attendu que sa maison est dehors, et sa cuisine au dedans : pour tous ces cas, il n’y a point de promenade.

En 1781, dans les chaleurs qui ont rendu mémorable l'été de cette année, accablé de la saison et d’un vomissement de sang, d’une foiblesse d’es-