Mémoire sur la Bastille
PRÉFACE: XV
Elle n’est même plus le prix de services militaires distingués. Les gouverneurs achètent leur titre, et, comme ils nourrissent les prisonniers à forfait, ils cherchent à grossir leurs gains. D'autre part, de même que dans les provinces les gouverneurs sont tenus en laisse par les intendants de justice, police et finance, de même à Paris, le gouverneur de la Bastille finit par n'être plus que le premier geôlier du « Magistrat », c’est-à-dire du lieutenant général de police.
Le
Cette dernière institution, qui daie de 1667, est une de celles qui caractérisent le mieux l’ancien régime. Comme juge, le lieutenant général de police, de même que le lieutenant civil et le lieutenant criminel, prononce au nom du prévôt de Paris, chef du Châtelet; et le Châtelet lui-même est une juridiction du second degré, inférieure au Parlement qui casse, émende, ou confirme, par arrêts, ses sentences. À ne considérer que la hiérarchie judiciaire, les lieutenants généraux de police, un La Reynie, un d’Argenson, un Sartine, un Lenoir, auraient éié d’assez
incomplète encore, des capitaines et gouverneurs de la Bastille, au nombre de vingt et un, depuis 1404. (Grande Encyclopédie, article Bastille, et page 22 du tirage à part, 1858.)