Mémoire sur la Bastille

20 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

l'Italie redeviendroit infailliblement pour moi celui de la Bastille.

Comme cet avis me venoit de la même main qui m’avoit prévenu de la première lettre de cachet (car j’en avois été prévenu, mais j’avois refusé d’y croire), je n’ai pas pensé qu’il fût sage d’en braver une seconde. J’ai mis entre ces largesses du ministère de France et moi une distance qu’elles ne franchissent point. Mes vrais protecteurs , ceux qui ont contribué à mon salut, ne seront pas fàchés sans doute que j'aie pris des précautions sûres pour conserver le fruit de leur amitié. Si les autres en marquoient du ressentiment, ils achèyeroient de prouver combien elles étoient nécessaires. Maintenant je le demande à tous les hommes honnêtes et impartiaux : qu’ai-je pu faire que je n’aie pas fait? qu’ai-je fait que je n’aie pas été obligé de faire?

Qu’on daigne réfléchir un moment sur les circonstances qui ont accompagné et suivi la restitution de ma liberté? Quoi! à l’ordre de sortir de Paris où j’avois les affaires les plus pressantes, on joint la défense de me rendre à Bruxelles, où des intérêts non moins précieux m’appeloient? L’unique réponse à mes prières, à mes offres, à mes humiliations mêmes pour obtenir la dispense d'une de ces deux injonctions, c’en est une troisième qui