Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE ti

Müillart, il se porta du côté de la bastide SaintAntoine. Il se disposait à l'ouvrir ou à s’y réfugier, lorsqu’il fut égorgé (31 juillet 1358).

Après la honteuse paix de Brétigny (1360) et les fêtes plus honteuses encore qui la saluèrent, après la deuxième captivité et la mort du second Valois, Charles le Sage s’efforça d’abolir la mémoire de Marcel. Mais l'œuvre de défense et de réorganisation nationales fut continuée au compte et au profit de la royauté. Une fois achevés, les remparts de la capitale prirent le nom d'enceinte de Charles V. Le Parloir aux Bourgeois rentra dans l'ombre : le Châtelet reprit le dessus. Dix ans ne s’étaient pas écoulés depuis la mort de Marcel, que le roi commençait à faire construire, à une faible distance de son séjour ordinaire de lhôtel Saint-Pol, un énorme château royal, par la disposition duquel il prenait en quelque sorte possession des murs de sa bonne ville : la Bastille, berceau et tombeau du pouvoir absolu.

« J’admire ce château, disait au XVIe siècle un poète italien, Antonio d'Asti, On le nomme vulgairement la Bastille Saint-Antoine. C’est par là que le roi peut, ou bien rentrer en ville, ou bien en sortir, de jour et de nuit, et se rendre où il veut. » Telle paraît avoir été, en effet, la destination essentielle et primitive de la Bastille. Les rois absolus y enfermèrent plus tard leurs sujets : pour les rois féodaux, il s'agissait de ne pas se laisser enfermer par leurs