Mémoire sur la Bastille

LINGUET 37

justifier, et la discussion en seroit fort inutile ; mais c’étoit une lettre particulière, et qui ne concernoit en lui que le particulier ; une lettre provoquée, nécessitée même, par des procédés plus répréhensibles qu’elle n’étoit violente; une lettre secrète, que je n’ai jamais montrée; une lettre que je n’ai pas nié d’avoir écrite, parce que je ne sais pas mentir, mais que M. le maréchal de Duras, au moins dans le public, a toujours nié d’avoir reçue; une lettre dont il a toujours affirmé ne s'être pas plaint, dont en effet il s’est si peu plaint qu’on n'a pu m'en représenter l'original, malgré mes réquisitions, et qui, par conséquent, dans tous les cas, ne pouvoit devenir le fondement ni d’une procédure, ni d’une punition quelconque; une lettre enfin sur laquelle ma réponse, quand on m’a demandé si je l’avois écrite, auroit dû faire rougir la haine et désarmer la vengeance{17).

Quelle qu’elle fût, il est évident que l’éclat seul auroit pu la rendre criminelle, et elle n’en avoit

cembre 1715-6 septembre 1789), pair et maréchal de France, premier gentilhomme de la chambre, un des quarante de l'Académie française, se fit surtout des ennemis comme commandant en Bretagne, où Louis XV l’avait envoyé pour concilier les esprits et mettre fin aux désordres qui avaient suivi l'affaire de La Chalotais et du duc d’Aiguillon. Les Mémoires de Bachaumont (t. XX, p. 301) peignent la colère, assez légitime du reste, du duc de Duras contre Linguet .