Mémoire sur la Bastille

LINGUET 39

crois qu’il est de mon devoir de la consigner ici.

Elle est du lendemain de celle de M. le maréchal de Duras; elle étoit adressée à M. Le Noir, lieutenant de police, par les mains de qui passoient les Annales pour se rendre dans celles du distributeur. Il faut se rappeler qu’en mars 1780 les nos LIX et LX avoient été arrêtés successivement à la sollicitation de M. le maréchal de Duras et du Parlement de Paris. J’avois enduré patiemment la première suppression ; à la seconde, j’écrivis, le 7 avril 1780, à M. le maréchal de Duras, la lettre qu’il ne montre pas, ni moi non plus, et, le lendemain, à M. Le Noir, celle que voici :

Bruxelles, 8 avril 1780, MONSIEUR,

Après avoir donné ma lettre d’hier à une indignation trop légitime, je vais faire encore quelques efforts au nom de la justice et de la raison, quoique j'aie appris à mes dépens combien elles ont peu de pouvoir en France contre les manœuvres et le crédit. Voici un court Mémoire, que je vous prie de remettre sous les yeux des ministres; on ne manquera pas de dire encore que c’est ma mauvaise tête; mais il me semble que ce sont mes bonnes raisons.

Je ne puis concevoir que M. le maréchal de Du-