Mémoire sur la Bastille

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ras veuille encore de l'éclat. J'avoue qu'on ne peut rien ajouter à ce que M. le comte des Grées lui a dit; mais c’est quelque chose que de le répéter, et de faire observer au public que M. le maréchal n’en a pas oblenu satisfaction. Il me semble qu’à sa place, c’est surtout le bruit qu’il faudroit éviter : il va en faire plus qu'il n’en a fait de sa vie.

Quoi qu’il en soit, je ne puis que vous répéter ce que j'ai déjà eu l’honneur de vous dire plusieurs fois sur ma répugnance à retomber dans toutes les tracasseries passées, sur le désir ardent que j'ai de n’y être plus exposé, mais en même temps sur le courage avec lequel je les soutiendrai. Il m'en coûtera ma fortune, mais je suis accoutumé aux sacrifices.

On a arrêté à Paris le débit des numéros LIX et LX des ANNALES : ils sont publiés, distribués, en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, dans les Pays-Bas ; ils le sont en France même par les contrefacteurs. Arrêter à Paris seulement l'édition légitime, tandis qu’on tolère, qu'on favorise toutes les autres, c’est commettre une injustice révoltante, et encore plus inutile : on n’empêchera pas les numéros prohibés d’entrer à Paris; on les y rendra seulement plus remarqués, plus courus, plus précieux : la sensation en sera plus vive et plus prolongée. Je ne vois pas ce qu’il y a à gagner pour les intéressés.

Ces numéros n’ont rien de répréhensible à beaucoup près. Le LIX pouvoit être infiniment plus fort.