Mémoire sur la Bastille

LINGUET 4T

Je ne suppose pas que les intérêts du très ridicule neveu de M. de Leyrit (19) entrent pour rien dans cette suppression. Il ne s’agit donc que d’épargner à M. le maréchal de Duras le désagrément d’une réflexion fâcheuse sur son affaire; mais n'est-elle que dans ce numéro, ou plutôt n’y est-elle pas adoucie, du moins à l’avantage du commandant?

Quand deux hommes faits, par leur nom et leur état, pour donner l’exemple de la probité dans les actions et de la délicatesse dans les paroles s’accusent réciproquement à la face de l’Europe de friponnerie, de larcins de toute espèce, en articulant des mois; qu’ils s'adressent à un tribunal réglé pour obtenir réparation, justice, et que ce tribunal laisse la chose indécise, il commet au moins une prévarication et peut-être deux. S’il y a un coupable, c’est un scandale qu’il ne soit pas puni. S’il n’y en a pas, c’en est un bien plus fort que l'arrêt étende les soupçons au lieu de les détruire, et flétrisse deux innocens au lieu de les absoudre. Voilà tout ce que j'ai dit : c’est sur les juges que tombe ma remarque. Le public n’est pas si indulgent : c’est l'écrivain de Castellan qu’il désigne comme le vrai coupable, et la suppression mendiée du numéro LIX ne le réhabilitera pas.

Quant au numéro LX, ce sont des faits. Les vexations des Parlemens, leurs tyrannies intérieures, le support que tous les membres croient se devoir, et se donnent en effet les uns aux autres dans les occa-

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