Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

212 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

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rager mes tirailleurs, je reçus un coup de feu qui me traversa la cuisse gauche. Je fus emporté de suite dans les appartements du chäteau pour y être pansé, et deux heures après, on me transporta en ville au milieu des bombes et des-obus qui tombaient sur toutes les places. L’ennemi était parvenu à s'emparer, à l'assaut, de la redoute des Saxons près de l’hôpital. Cette redoute était gardée par des troupes de ma brigade '; mais, en mon absence, on négligea d'envoyer à son secours les réserves que j'avais disposées à cet effet. Elle fut reprise avant la nuit par la jeune garde *.

Je cesserai maintenant de continuer le récit de cette dernière campagne, puisque, depuis le 26 août au soir, je restai pendant cinquante-deux jours au lit à Dresde, pour le traitement de ma cuisse; encore peu s’en fallut, au milieu des soufirances que j'endurais, qu’on ne me la coupât par la faute d’un jeune chirurgien sans expé: rience qui me pansait, et que je fis remplacer, très heureusement à temps, par un meilleur.

Tout le monde a su les malheureux résultats de la bataille de Leipsig *, et quel fut le sort du corps d'armée

! Le 27e de ligne continua son énergique résistance sur la brèche faite au jardin de l'Hôpital et dans le jardin Antoine.

La redoute des Saxons fut prise par les Russes vers six heures, mais le 27° résista encore quelque temps.

2 Elle arriva, le soir, au milieu des acclamations, pour soutenir la 44e division, repoussa les Russes au delà de Landgraben, et les Prussiens hors du jardin Antoine, et enleva les moulins de Striessen. Le soir, nous avions eu 2,500 tués ou blessés, les ennemis 5,000 et 3,000 prisonniers. Le 27, la victoire fut complète. Le 28, le I‘ corps, sous Vandamme, occupait les positions qu'avait occupées le XIVe sous Gouvion Saint-Cyr une semaine auparavant.

5 Le 18 octobre. Ce jour-là, Godart quittait son lit. IL était décidé depuis le 12 que le I° (sous le comte Lobau) et le XIVe corps d'armée resteraient dans Dresde. Un combat malheureux, le 17, l’avait confirmé. On apprit, le 22, le désastre par un jeune soldat échappé de Leipsig.