Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

22 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

quartier général pour rendre compte de ce qui venait de m’arriver, et pour me mettre sous la protection du général en chef; après quoi je me rendis au Capitole pour annoncer mon arrivée en cette ville au commissaire général de la police, en lui donnant mon adresse. Il me demanda si j'avais fait ma soumission aux Bourbons. Je lui répondis qu’elle était faite depuis plusieurs jours, et que je l'avais adressée au ministre de la guerre, avant la décision du conseil de guerre tenu dans cette ville à l'effet d’arborer le drapeau blanc. Il me dit d’être tranquille, et que je n’avais rien à craindre. Deux jours après, il envoya deux de ses agents pour m’arrêter. J'étais à me promener, et en fus instruit par le maitre de mon logement. Je voulais fuir; mais, ayant su par le conducteur de la diligence de Montpellier qui venait d'arriver, que tout était à Montpellier et à Nimes dans une complète anarchie, et que même à Nimes on avait massacré un détachement et sept officiers de troupe de ligne qui avaient cherché par la fuite à se soustraire à la fureur de la populace!, je me décidai à me rendre,'dans l’état où je me trouvai, vêtu d’une veste de nankin chez le chef d'état-major du duc d'Angoulèême?. Ne l'ayant point trouvé chez lui, et fort de mon honneur et de ma conduite, je me rendis droit chez le commissaire général de la police, et lui dis : qu'ayant appris que deux de ses agents s'étaient présentés chez moi pour m’arrèter, lesquels n'avaient pu exécuter leur mandat, vu mon absence, je n’avais pas hésité à venir près de lui pour lui prouver que je ne craignais rien pour la conduite que j'avais tenue jusqu’à ce jour, ni de me présenter

‘ Les scènes de pillage et de massacre s'étendirent à Uzès, les 17, 18, 19 juillet.

Le marquis de Villeneuve.