Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

256 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

sant bien des désordres, et de service régulier ramenant la discipline, de succès et de retraites désordonnées où les pires natures se donnent pleine carrière, se succédaient fréquemment.

Peu après le passage du Rhin, Duperron, commissaire des guerres, écrivant à Rabot, meitbre du conseil des Cinq-Gents, accusait les excès des soldats et la connivence des officiers (26 messidor, 13 juillet).

Déjà dans l'espace de huit jours s'étaient succédé des ordres du général en chef exprimant l'indignation contre les pillages et les brutalités, lâche abus de la force, et rappelant la loi du 2e jour complémentaire : « Aussitôt que les généraux auront arrêté un pillard, ils le feront conduire au corps le plus prochain, chargeront le capitaine rapporteur d'entendre sur 1e champ les dépositions, nommeront le conseil militaire, et feront exécuter promptement le jugement qu’aura rendu le conseil. »

Dans le Brisgau, où en général on nous accueillit avec des dispositions pacifiques et soumises, les habitants furent ména-gés plus qu'au Nord. Cela est à l’honneur en particulier de la division Delaborde. Il est vrai qu'un des officiers de ce corps écrivait le 27 messidor (14 juillet) : « On a fait bombance chez le cardinal Collier à Ettenheim, et on le déménage proprement. Nous sommes fort bien dans ce pays, les généraux, adjudants-généraux, adjoints, ont tous des tables splendides ; les officiers et les soldats en proportion... »

En somme, aux excès de quelques chers, aux dou admiministratifs, bien des dépêches opposent l’exacte discipline observée par les troupes en marche (dépêches des 10, 13, 14, 27 thermidor — 27, 30, 31 juillet, 43 août). Le représentant Haussmann, en citant des généraux coupables, n’en nomme pas un de la division Delaborde.'

« 24 thermidor an IV (10 août).

« L’ami Haussmann m'en a parlé les larmes aux yeux.

« J'ai parcouru quelques lieues de la rive droite : partout on est content des volontaires; partout les personnes et les propriétés ont été respectées; les exceptions sont très rares. Pourquoi faut-il entendre des plaintes contre les généraux?.. »

(Lettre du représentant Ritter à un membre du Directoire.)