Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

LETTRES, PIÈCES OFFICIELLES, NOTES 281

« Votre dépêche du 19, mon cher Général, m’a été remise hier au soir, et m'a jeté dans la plus grande consternation. Si on pouvait se douter de son importance, nous serions tous perdus. Je vous ai assez entretenu de l'esprit et des dispositions de ce peuple.

«Il se passera huit jours au moins avant le retour de la division qui est en Pouille. Un de mes aides de camp est allé la chercher. Elle passera par Benevent, San Germano, Sora, Veroli, Acquani, Valmontone et Frascati..…. Celle d'ici et la première... se réuniront à Rome.

« Un incident, Citoyen Général, retarde encore le départ de l'armée. Le vaisseau le Généreux et son convoi, partis en dernier lieu d’Ancône pour Corfou, a voulu mouiller au port de Brindisi près d’Otrante. Les insurgés le reçurent à coups de canon. Il s’approcha alors de terre, débarqua ses troupes et se mit en travers pour attaquer de concert avec elles. Ils emportèrent la ville, mais le capitaine commandant le Généreux, le citoyen Lejoille, fut tué d’un coup de canon, et le vaisseau s’échoua. J'ignore quel événement en fut cause. Les troupes se réfugièrent alors dans Brindisi où ils sont menacés d’une attaque par les insurgés qui marchent sur eux. Le citoyen Godart en a fait pré* venir par des espions le général (Olivier) commandant en Pouille, qui a envoyé à marches forcées une brigade (Broussier) pour les dégager et les recueillir. La canonnade avait été fort vive, et entendue de très loin le 20 de ce mois. Les agents de l’ancien gouvernement ont auguré et répandu que 30,000 Turcs étaient débarqués, ce qui a causé un mouvement en Pouille et dans la Terre de Bari.

« Je fais secrètement toutes les dispositions de départ.

« Salut et fraternité,

« MACDONALD. »

1799 (AS, p. 74.) Retraite de Godart de Brindes à Avellino (avril 1799).

Macdonald envoya son aide de camp, l’adjudant général Sarazin, avec ordre à la division de Pouille (Olivier) de se replier