Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

304 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

officier dans les églises des différentes paroisses de cette ville, et qui, le soir même a environ 7 heures, vinrent exercer une, espèce d’exorcisme dans les églises où des prêtres constitutionnels avaient officié depuis très longtemps. Gette opération religieuse dont je ne me permettrai pas de juger l'utilité a failli troubler la tranquillité publique. Un peuple nombreux s'est porté aux portes des églises, et voulait pénétrer dans l’intérieur. On vomissait déjà des injures et toutes sortes d’invectives lorsque des détachements de la force armée ont fait dissoudre les rassemblements qui n’ont eu aucune suite ficheuse, si ce n’estdes huées et quelques pierres qui ont été lancées contre les prêtres, mais qui n’ont atteint que quelques soldats qui les escortaient.

« Le 91, les nouveaux prêtres sont venus officier et dire la messe dans les églises qu'ilsavaient exorcisées la veille. Le peuple s'y est jeté en plus grand nombre que la journée précédente. Les cris, les huées, les injures et les sifflements ont recommencé, et il n’est pas douteux que, sans l’aspect des nombreuses gardes, tant cavalerie qu'infanterie, que j'avais envoyées à toutes les églises, on se serait livré à des exves,

« À celle de St Vincent, quelque nombreuse qu’elle ait été, elle n’a puempêcher que le prêtre en sortant de l’église, ne recoive quelques coups. 11 à été blessé d’un coup de pierre à la tête. C’est dans cette paroisse où le peuple a paru le plus mutin.

« Cependant les esprits s'échauffent, et le mécontentement est grand : il paraît n’être excité que par le changement des prêtres. Un d'entre eux qui officiait à l'église St Michel, conservé dans ses fonctions depuis les principes de la Révolution, qui passe dans l'esprit du plus grand nombre pour un honnête homme et un prêtre zélé, est remplacé par un autre prêtre qu'ils ont en horreur et qui, disent-ils, est d'une mauvaise conduite, et qu'ils citent pour avoir toujours été l'ennemi de la Révolution. Il en est à peu près de même des autres. Ils se plaignent tous des remplaçants, et louent la conduite des remplacés.

« Le10, d’après l'arrêté du Préfet, qui ordonnait que les prêtres choisis par Mr l’évêque seraient les seuls qui pourraient officier dans les églises, je donnai des ordres pour que toute la troupe prit les armes. La plus forte partie fut envoyée aux trois églises qui forment les trois paroisses de la ville, mais le peuple y était

? Dimanche.