Mémoires sur la Révolution française
10 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT Paris à onze heures dans le calme le plus parfait, mais en revenant à huit heures, à la Porte-SaintMartin (où nous attendaient la voiture de ville du duc et la mienne), mon domestique me dit que je ne pourrais pas aller au spectacle, parce que tous les théâtres élaient fermés par ordre de la police; que Paris n’était que confusion et tumulle; que le prince de Lambesc était entré dans le jardin des Tuileries, avait mis fout le monde en fuite et tué un vieillard (ce qui était faux) ; que les gardes-françaises et le régiment Royal-Allemand (qui était celui du prince de Lambesc) se battaient en ce moment sur le boulevard de la Chaussée-d’Antin, en face du dépôt des gardesfrançaises ; que beaucoup de cavaliers et de chevaux avaient été tués, et que le peuple promenait dans les rues les bustes du duc d'Orléans et de Necker en criant : Vive le duc d'Orléans! vive Necker ! Quand mon valet m’eut donné ces renseignements,
je priai le due de ne pas traverser la ville dans son