Mémoires sur la Révolution française
LA RÉVOLUTION ÉCLATE 11 propre équipage, parce que je regardais comme une imprudence pour lui de paraître dans les rues dans un pareil moment, et je lui offris ma voiture. En apprenant ces événements, il parut surpris et afligé; il me dit qu’il espérait que ce ne serait rien, et que mon valet, par peur, exagérait l’état des choses. J'avais cru d’abord que le duc voulait se montrer à la foule, et qu’il avait réellement le projet de se créer un parti en agissant ainsi; mais je ne vis jamais une surprise moins feinte que celle qu’il montra en apprenant tous ces événements. Il monta dans ma voiture et me pria de le faire descendre au salon des Princes, club fréquenté par toute la noblesse, où il espérait rencontrer des gens qui lui donneraient des nouvelles. En arrivant au club, nous le trouvâmes fermé par ordre de la police, comme tous les autres dans Paris. Nous donnâmes alors l’ordre à mon cocher de nous mener à Monceaux chez le duc; mais comme en ce
moment les troupes se battaient sur le boulevard,