Mémoires sur la Révolution française
42 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT
que le solétait couvert de morts, d'hommes et de chevaux blessés, nous fûmes obligés de passer par le Carrousel et le long du jardin des Tuileries pour arriver à la place Louis XV. Nous la trouvâmes pleine de troupes à pied et à cheval; elles étaient commandées par le maréchal de Broglie et avaient campé depuis plusieurs jours dans le parc de Saint-Cloud, d’où elle: étaient arrivées ce soir-là même à Paris.
Je n'oublierai jamais l'aspect effrayant mais superbe, que présentait en ce moment la place Louis XV. Les troupes étaient sous les armes, et le silence était si complet qu'on aurait entendu tomber une épingle. On ne permeitait aux voitures de passer qu'après avoir pris le nom de la personne qui s’y trouvait. Je donnai le mien, et les chevaux furent conduits au pas à travers les rangs de l'infanterie et de la cavalerie.
On n'eut pas la moindre idée que le duc d'Orléans
fût dans ma voiture, et nous allâmes directement