Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

question, finissait par se prononcer dans une certaine mesure en faveur de l'immatérialité et de l’immortalité de l'âme. De la part de Naïgeon, c'eût été un mensonge ou une inconséquence dont il était incapable. Il suffit à cet égard pour être édifié, de se rappeler, entre autres écrits, ses mémoires sur Diderot.

Mais si dans l'Encyclopédie il ne fit pas l'article éme, il fit celui d'unitaire que Voltaire cette fois accueillit avec faveur et dont il écrivit dans une lettre : « Il est terrible et j'ai bien peur qu’on ne rende pas justice à l’auteur et qu'on ne Jui impute d'être trop favorable aux Sociniens. Ce serait assurément une extrême injustice, et c'est pour cela que je le crains ; » et ailleurs : «Je ne sais qui a fait l’article un1taire, mais je sais que je l'aime extrêmement. »

Ce qui dans cette pièce, consacrée à l'exposition, avec remarques et comparaisons, des doctrines sociniennes , avait particulièrement frappé Voltaire, était la conclusion. L'au- * teur y disait : « La religion catholique, apostolique et romaine est la seule bonne, la seule sûre, la seule vraie; mais cette religion exige en même temps de ceux qui l'embrassent la soumission la plus entière de la raison. Lorsqu'il se trouve dans cette communion un homme d'un esprit inquiet, remuant, difficile à contenter, il commence par s'établir juge de la vérité des dogmes qu'on lui propose à croire, et ne trouvant pas dans ces objets de sa foi un degré d'évidence, que leur nature ne comporte pas, il se fait protestant ; s’apercevant bientôt de l’incohérence qui caractérise le protestantisme, il cherche dans le Socinianisme une solution à ses doutes et à ses difficultés, et il devient socinien. Du socianisme au déisme il n’y a qu'une nuance imperceptible et un