Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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ont une tout autre notoriété; assez court sur sa biographie, je le serai un peu moins dans l’analyse et la critique de ses différents écrits; viendront ensuite pour leur part, et au second plan, Sylvain Maréchal et Delalande.

Naigeon naquit en 1738, à Paris, selon les uns, à Dijon, selon les autres, où son père aurait été un riche moutardier. Serait-ce à cette dernière circonstance qu'il faudrait attribuer certaines plaisanteries de la Théologie portative, dans le goût de celle-ci : « On sait que gros de foi comme un grain de moutarde suffit pour transporter des montagnes. Le Pape, pour sa part, en a une si grande provision, qu'il lui faut un homme tout exprès pour la porter : c’est lui qu’on désigne sous le nom de moutardier du pape? » Je lignore, et m'en inquiète peu. Mais ce qu'il y a de constant, c'est que toute sa famille demeurait à Paris à l'époque où il était le collaborateur de d'Holbach, qu'elle avait dû s'y établir bien avant, et qu'un de ses frères y était né.

Où fit-il ses études et quelles furent-elles? Il serait assez difficile de le dire : mais il est permis de supposer qu’elles le familiarisèrent de bonne heure avec le goût et la culture des lettres grecques et latines, et éveillèrent chez lui la curieuse passion des beaux livres dont il fut constamment animé.

Mais d'autre part Diderot, dans une lettre à M!e Voland, raconte « qu'il avait prié Naigeon , qui avait été dessinateur, peintre et sculpteur, avant d’être philosophe, d'aller quelqueloïis au salon pour lui; mais qu'il n’en avait rien fait; » et dans un autre de ses écrits, (4) il dit : « Vous savez que

(1) Avertissement du dialogue entre lui et Naigeon-