Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795
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De Ravenne, où il était réfugié, Mgr l'évêque de Lucon voulut adresser des avis au clergé de son diocèse sur cette question brûlante. Le prélat communiquait avec ses prêtres par l’intermédiaire de M. Paillou, son vicaire général, déporté en Espagne. Cette intéressante pièce est conservée dans les archives du château de Cheverny (Loir-et-Cher) et nous a été communiquée bienveillamment par M. le marquis de Vibraye.
.. Quant à la grande question, si on peut ou non faire l'acte de soumission aux lois de la République, tel que l'exige la Convention nationale, ilest difficile de donner un avis, quand on voit les opinions si partagées sur cette matière. Je devrais vous dire : Attendez la décision du Saint-Siège, qui a été consulté, mais je crains que le Saint-Siège ne trouve prudent de ne rien répondre. Alors, la conséquence est que chacun peut faire ce qu'il estimera le plus sage, selon sa conscience. Mais puisque vous voulez pour règle de votre conscience celle que je prends pour diriger la mienne, je ne puis ni ne dois tromper votre confiance, el je vais vous dire ce que je pense.
« D'abord il faut se souvenir que la Convention nationale a mis pour base de sa prétendue constitution la pleine et entière liberté des cultes, et déclaré qu'elle ne veut les contrarier en rien, ni gêner en rien les consciences. Voilà bien, sans doute, toutes les restrictions et les réserves que nous pouvons désirer en faveur de la religion. Donc la soumission demandée ne peut être que relative aux lois civiles, politiques et temporelles, à tout ce que l'autorité temporelle peut ordonner sans blesser aucun des droits essentiels de la religion, quoiqu'elle la prive de beaucoup de droits et même injustement, mais de ceux que la religion peut sacrifier et qu’elle a toujours sacrifiés par respect pour l'autorité, par amour pour la tranquillité publique, pour céder à la nécessité et à la force. Donc je crois qu'on peut, qu'on doit faire cet acte de soumission ; mais je crois aussi que, dans les circonstances présentes, il est prudent aux pasteurs qui sont hors de France de ne pas se presser d'y rentrer.
« Le précepte de Jésus-Christ, reddite quæ sunt Cæsaris Cæsari n'est pas limité aux puissances légitimes, mais à toute puissance qui existe par le fait. Quand ses disciples lui demandent s’il doit