Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795
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serait trop long et inutile. Je vous en ai assez dit pour vous faire connaître mon opinion, et sur quoi je la fonde. Je n'ai pas le droit de vous la donner pour règle ; je suis prêt à la réformer, quand j'en connaîtrai une meilleure et plus sûre. Que les évêques s'accordent, et je m’unirai à eux. Que le pape décide, et je me soumettrai. Mais j'use du droit de dire mon avis et d'éclairer, d’après ma conscience, ceux que j'ai charge de gouverner. C’esl bien sincèrement que je désire que les instructions que je leur offre soient selon l'esprit de Dieu ; je les ai méditées en sa présence ; il m'est témoin que je n’ai rien en vue que sa plus grande gloire. Si je m'étais égaré, j'espère que mon erreur ne me serait pas imputée, parce que mes intentions sont pures, et j'ai la confiance qu’il n'aura pas permis que j'aie pris l'illusion pour la vérité, lorsque je parle en son nom pour remplir le ministère qu’il m'a confié. D'ailleurs, il connaît combien je suis soumis filialement à l'autorité qu'il a établie dans son Eglise pour conduire et les pasteurs et le troupeau. Et bien sincèrement, si jamais elle m'avertit que je me suis trompé, elle me trouvera docile et prompt à me corriger.
« Au reste, ma décision n’est que pour mes diocésains, et encore je ne veux lui donner d'autorité auprès d'eux que celle qui est due à la vérité, ou celle qui peut me concilier la confiance de mes coopérateurs, que je me plais à édifier, mais sur lesquels je ne cherche pas à dominer. Ils sont sûrs que s’ils ont de justes représentations à me faire, je les écouterai avec charité, et que j'y aurai tous les égards qu’elles pourront mériter.
« C'est un grand malheur que la division qui existe déjà. Nous voyons qu’on s’en prévaut pour calomnier la religion, et qu’on regarde ses ministres qui refusent la soumission comme des hommes suspects, comme des ennemis publics ; et si l'opinion publique n’y résiste pas, nous allons voir recommencer la persécution. Ce sont les prêtres constitutionnels qui suscitent cette querelle, de laquelle ils tirent le plus grand avantage, pour affermir leur schisme, leur intrusion et leurs hérésies. Ils se donnent pour catholiques ; par là ils séduiront les peuples, et ils y réussiront d'autant plus facilement qu'ils éloigneront d'eux leurs légitimes pasteurs.-Il faut, au lieu de donner dans le piège