Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795

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« On nous objecte : « L'acte de soumission aux lois de la Répu« blique est un consentement donné à son usurpation ; c'est « l'approbation de toutes les lois, dont il y en a tant d’injustes, « que la religion réprouve et que jamais elle ne peut adopter. »

« Je réponds que se soumettre à la nécessité et à la violence, ce n'est point y consentir. C’est un mal qu'on souffre, parce qu’on ne peut l'empêcher, parce que la résistance serait un plus grand mal, tant qu'elle est impuissante, parce qu’elle ne pourrait qu’entretenir les troubles, les calamités, l'anarchie, si funeste à la société et à la religion.

« Je réponds que la soumission aux lois n'est pas toujours une approbalion de ces mêmes lois ; que cette soumission doit toujours être subordonnée à celle que nous devons à Dieu ; que lorsque les commandements des hommes ne s'accordent pas avec les siens, alors c’est à Dieu qu'il faut obéir par préférence, et que cette préférence, on ne nous la défend pas, en exigeant notre soumission, puisqu'on nous déclare qu'on nous laisse la liberté de nos opinions religieuses, et que ce n’est qu’à cette condition que nous nous soumettons ; que si on nous trompe, si on nous tend des pièges pour nous entraîner à faire des actes que notre conscience nous défend, c’est à nous d'éviter ces pièges, de résister à l'occasion et de souffrir, s’il le faut, la persécution. Alors, on n'aura rien à nous reprocher ; nons n'aurons pas manqué à notre promesse ; on aura élé infidèle et injuste à notre égard.

« Les lois humaines ne s'accordent pas toujours avec les lois religieuses, parce qu’elles ont des objets différents ; souvent les unes permettent ce que les autres défendent. Sous l'empire romain, même chrétien, la loi civile permettait le divorce, la reli-

. gion le condamnait ; les chrétiens n’obéissaient pas à cette loi. Le magistrat civil, même au nom de la loi, commet des violences, des spoliations, des injustices ; lareligionapprend à les supporter avec patience, mais elle les condamne et ceux qui y concourent, elle en exige la pénitence, la réparation. Elle cesse de reconnaître pour ses enfants ceux qui lui résistent, mais elle ne prêche pas pour cela la révolte.

« Je pourrais entrer dans de plus grands détails, mais cela