Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795

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« Mais ilse demande ensuite : Le nouveau serment sur l'égalité et la liberté est-il de même nature? 11 en juge autrement, il n’y voit rien de contraire à la doctrine sacrée que nous sommes obligés d'enseigner, il ne trouve rien dans les termes qui l’expriment qui ait rapport à l’ordre religieux. La constitution civile du clergé n'en est plus l’objet ; il se rapporte entièrement à l’ordre civil. Ilen conclut qu’il ne pèche point directement contre la religion. Il décide, en conséquence, qu’on peutlégitimement le prêter.

« Mais est-il vrai qu'ilsuttise, pour qu’un serment mérite sanction de la religion et pour qu’il soit à l’abri de ses anathèmes, qu'il n'engage pas formellement à contrarier les dogmes, à violer directement les préceptes? N'est-ce donc pas assez que par sa seule ambiguité il puisse compromettre l’un et l’autre, ou seulement le faire soupconner et par là devenir l’occasion d’un scandale? Or, le seul fait de la question qui s'élève aujourd’hui, n'annonce-t-il pas que ce serment n'est pas exempt de reproches ? Si son sens était bien déterminé, il n’y aurait pas de doute sur son objet, sur sa légitimité, et par la même qu’il est vague et insignifiant, ne doit-il pas être jugé illicite ? Il suffit, pour le rendre suspect et avertir du danger, de connaître les intentions de ceux qui le proposent. Car, quoi qu’on en dise, c'est bien plus l'intention de celui qui exige le serment que celle de celui qui le prête qui en détermine l'objet etle sens. L’un commande, l'autre obéit ; et l'obéissance, quand elle est sans réserve, n’a de bornes que celles qu’a posées l'autorité qui exige. Or, peut-on croire pures et étrangères aux objets religieux les intentions des ennemis de la religion, de ceux qui la persécutent, qui publient hautement qu'ils veulent l'anéantir, comme contraire à la liberté età l'égalité qu’ils établissent comme la base de la nouvelle constitution ? Regarderait-on comme une garantie suffisante cette liberté indéfinie qu'ils promettent en matière de religion, et que toutes leurs actions démentent ? Pouvons-nous croire qu’ils nous laissent la liberté de nos opinions religieuses et de notre culte, lorsqu'évidemment ils enchaïnent la liberté évangélique, détruisent nos temples, enlèvent aux fidèles catholiques tous leurs pasteurs, les mettent à mort ou les exilent, parce qu'ils refusent de

reconnaître leur suprématie en matière de religion, parce qu'ils *